Vérifiez la solvabilité d’un artisan avant de lui verser un acompte

Vérifiez la solvabilité d’un artisan avant de lui verser un acompte

Vous souhaitez réaliser des travaux de rénovation dans votre maison ou appartement ? Les artisans demandent presque toujours un acompte à la commande, puis des paiements d’avance réguliers. Si cette démarche est légitime, elle présente un risque réel pour vous. En effet, en cas de défaillance de l’artisan, les risques de perdre votre acompte sont réels. Alors comment vérifier la solvabilité de vos fournisseurs et prestataires ?

Qu’est-ce qu’un montant acceptable pour un acompte ?

Les entreprises et les artisans demandent systématiquement un acompte avant de lancer des travaux. C’est assez normal, car il leur faut généralement faire l’avance de l’achat des matériaux et fournitures nécessaires au chantier.

Et puis en tant que prestataire, l‘artisan doit se prémunir de tout risque d’impayé pour ne pas mettre sa trésorerie et la pérennité de son activité en péril.

C’est donc à vous de négocier les conditions au moment de la validation du devis. Nous vous conseillons de verser :

  • 30% à la commande est un gros maximum.
  • 10% pourrait suffire à vous engager, puis des petits acomptes au fil des étapes du chantier vous garantiront contre certains abus.
  • 20% au démarrage du chantier avec livraison des fournitures et matériaux sur site, etc.

Scénario catastrophe avant la fin des travaux

Les artisans, comme toutes les entreprises, peuvent rencontrer des difficultés de trésorerie. Cela peut être passager et lié au retard de paiement d’un gros client par exemple. La cause peut aussi être plus structurelle, avec une activité insuffisante ou des prestations mal évaluées.

Certains artisans, quand ils rencontrent des difficultés de trésorerie, sont tentés par une fuite en avant. En effet, il est tentant d’utiliser l’acompte d’un prochain chantier pour payer les matériaux du chantier en cours. Ainsi votre argent est déjà dépensé ailleurs avant même que vos travaux ne commencent.

Si les difficultés de l’artisan venaient à s’aggraver, vous n’êtes pas à l’abri que votre chantier ne démarre jamais … et votre acompte sera perdu.

Parfois, votre chantier commence, mais se retrouve à l’abandon, et l’artisan est injoignable. C’est une situation peu confortable, mais malheureusement pas si rare.

Il ne s’agit pas de dire que les artisans sont des escrocs en puissance. Au contraire, il est probable que devoir garder votre acompte ou abandonner votre chantier soit un déchirement pour un professionnel consciencieux. C’est surtout le signe que son activité périclite, que sa réputation va être entachée et qu’il va perdre son travail.

Comment vérifier la solvabilité d’une entreprise d’artisanat ?

Notez que le terme « artisan » n’est pas un statut juridique mais une reconnaissance professionnelle obtenue par un diplôme spécifique par exemple. Ainsi concernant la question de la solvabilité, c’est le statut de l’entreprise détenue par l’artisan en question qui prime (Entreprise Individuelle, EIRL, SARL, etc.).

La solvabilité d’une entreprise se vérifie surtout en analysant son bilan comptable.

Il faut donc que l’artisan publie ses bilans et que son activité ait un minimum d’ancienneté. Quand bien même, vous n’aurez alors accès qu’aux données de l’année comptable précédente. Cela ne vous garantit donc pas que la situation n’ait évolué brusquement entre temps, mais c’est déjà une bonne base d’information.

Un site comme Bilans Gratuits vous donne accès gratuitement à la santé financière des entreprises françaises dans le secteur du BTP. En analysant les bilans, vous pourrez ainsi jauger leur solvabilité. Au-delà, les abonnés au site peuvent voir directement le score de solvabilité des entreprises.

Comment trouver un artisan sérieux et solvable ?

Pour analyser par vous-même la solvabilité d’une entreprise détenue par un artisan il faut observer son dernier bilan et s’attarder sur certains points :

  • Le résultat net de l’exercice de l’année précédente vous sera utile.
    Vous pourrez ainsi savoir concrètement si l’entreprise a dégagé des bénéfices ou des pertes.
    Comparez aussi ce chiffre à celui des années précédentes.
  • Le chiffre d’affaires est-il en hausse ou en baisse ?
    Une baisse de plus de 15% doit vous alerter.
    Mais pensez aussi qu’une hausse trop brutale n’est pas toujours un signe positif, elle peut entrainer de graves problèmes de trésorerie et fragiliser l’entreprise.

Ces chiffres sont à mettre en rapport avec le volume de votre commande. Mon chantier représente-t-il 5% du chiffres d’affaires de l’artisan ou 20% ? Plus votre commande est importante en regard de l’activité de votre fournisseur plus le risque financier est élevé.

Les analyses que vous ferez sont à nuancer en fonction du secteur, de l’activité et des circonstances.

Pour aller plus loin dans l’analyse comptable des chiffres :

  • Il faut aussi regarder les ressources (l’actif) du bilan comptable.
    Vous devez vous intéresser aux capitaux propres. Il est préférable qu’ils soient au minimum égaux voire supérieurs à la valeur des immobilisations (actif immobilisé net).
  • Les disponibilités sont également très importantes puisque c’est la trésorerie. Vous devez ici mettre à profit l’âme de détective qui sommeille en vous. Il est indispensable de regarder si le montant de la trésorerie correspond à ce que nécessite le secteur d’activité en question.
  • Bien-sûr les dettes sont aussi à regarder de très près. Il faut comparer le niveau du passif total (fonds propres et dettes) au niveau des fonds propres pour conclure si l’entreprise pourra ou non rembourser ses dettes.

Le plus simple est encore de vous référer aux ratios en observant particulièrement :

  • Le taux de valeur ajoutée
  • L’autofinancement de la rentabilité globale, qui permet d’évaluer la trésorerie dégagée en fonction du chiffre d’affaires
  • Le besoin en fonds de roulement ou BFR. Ramené au chiffre d’affaire il traduit le décalage de trésorerie auquel l’entreprise est exposée.
  • Et pour finir l’endettement (rapport dettes / capitaux propres) qui montre si la solvabilité de l’entreprise s’est renforcée ou fragilisée.

En complément, vous pouvez tout simplement interroger l’artisan lui-même sur sa solvabilité. A ce propos le directeur général d’Altares explique que : « La démarche n’étonne ni ne choque plus en temps de crise et ne coûte rien ! ».


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